Die Anhörung

F Watchlist

Le sujet de ce documentaire, récompensé cette année par le prix le plus important des Journées de Soleure, est présenté d'entrée de jeu par un carton : « Les auditions en matière d'asile ne sont pas ouvertes au public. Pour ce film, des requérant·e·s d'asile et des collaborateur·rice·s du Secrétariat d'État aux migrations (SEM) ont reconstitué une séance d'audition habituelle ». Tout ce que l'on voit et entend est donc un exercice fictif, mais on l'oublie au bout de quelques minutes. Les événements biographiques dont il est question sont à l'évidence si douloureux et intenses que l'effet d'authenticité est immédiat. Dans son magnifique premier film, Lisa Gerig s'efforce délibérément, à travers les positions de caméra et le montage, de ne pas pointer du doigt les employé·e·s du SEM suisse. Notre sympathie n'en est pas moins clairement dirigée vers les quatre demandeur·euse·s d'asile (deux femmes et deux hommes). Le climat de méfiance – souvent totalement injustifié – quant à la véracité des propos de ces dernier·ère·s n'est que trop évident. En outre, la relative inaptitude des bureaucrates à interroger les demandeur·euse·s d'asile sur leurs traumatismes, qui devraient plutôt être abordés dans un cadre thérapeutique, saute aux yeux. Dans le dernier quart du documentaire, Lisa Gerig ose un geste à la fois habile et productif sur le plan narratif, que nous ne révélerons pas ici : allez voir le film, cela vaut la peine.